J’ai eu la chance récemment de faire l’acquisition d’un Shakuhachi d’un maitre fabricant de renom, Tamai Chikusen.

Ce fabricant dont je n’ai que peu d’informations sur la vie est très réputé; la plupart des plus grands fabricants actuels ce sont formés auprès de lui (Takeharu,Kinya Sogawa,Yamaguchi Shugetsu,Tom Deaver…)

Ce ji-ari 1.8 était tout de même bien éclaté sur toute la partie supérieure et présentait aussi des fentes sur la partie inférieure. C’est donc avec honneur et respect que j’ai pris mon temps pour réparer ce bel instrument avec des ligatures en finitions rotin filé. Je suis content de réussir à réparer même de telles fentes (environ 5mm de large) sans utiliser la moindre colle !

Ce très beau shakuhachi m’a donc remercié de sa belle voix puissante et timbré qui s’exprime à nouveau.
Je me garde cet instrument pour l’instant car il me permet de comparer avec mon travail actuel sur les ji-ari et me sert aussi d’étalon de référence.

J’ai découvert récemment ce concept japonais qui résonne bien avec ma philosophie de vie et mes choix.

Ikigai  –  生き甲斐
lit. « raison d’être »

Cette notion que l’on peut envisager comme une quête ou un chemin vise à trouver une place harmonieuse et pleine de sens dans ce monde.
Il s’agit d’associer les notions de Mission, Passion, Vocation et Profession afin de réunir enfin ces deux concept que notre société capitaliste oppose : la productivité et l’épanouissement personnel…

Voici un tableau qui représente visuellement le concept d’Ikigai

Il me semble important en cette période de « relance économique » après une saine parenthèse que nous questionnions chacun notre rapport au travail et notre manière personnelle d’incarner ce que nous voulons voir arriver pour le monde.

Souhaitons-nous sincèrement relancer la machine à détruire le vivant en nous et autour de nous ?

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Voici un bel exemple de ce qu’un facteur de shakuhachi peut s’amuser à faire dans son atelier !
Il est parfois bon de se lancer des défis, ce que j’ai fait en voulant rallonger un bambou qui promettait un beau ji-ari 2.4 en La mais à qui il manquait quelques centimètre pour ajuster autant la longueur que la disposition des trous…

J’avais plus ou moins deviné que cela pouvait se faire parfois en observant des flutes restaurées de cette manière et j’en ai eu la confirmation auprès de Takahashi sensei qui à tout de suite deviné de quoi il s’agissait en voyant ce shakuhachi en cours de fabrication que je lui avait amené à Tokyo !
Certains utilisent aussi cette technique pour réaligner l’utaguchi avec les trous de jeu.

Voici donc le procédé en photos :

Il s’agit plus ou moins du même travail que pour un joint nakatsugi avec en premier lieu, insertion d’un hoso en bambou puis un deuxième bambou d’un diamètre similaire à celui de la flute vient dessus puis ji et ponçage pour ajuster précisément le creux où viendra se loger le rotin qui fait la finition.

Ce beau ji-ari est toujours en cours de fabrication; disponible prochainement…